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SCOPELEC : « l’Etat nous a lâchés ! »

Après une manifestation de la dernière chance devant Bercy le 23 septembre pour obtenir l’intervention des pouvoirs publics, les salariés de SCOPELEC ont sévèrement déchanté. Ce 26 septembre, le tribunal de commerce de Lyon a placé la coopérative en redressement judiciaire avec un plan de cession à la clé. Ce pourrait être la triste fin d’un long combat.

La nouvelle est tombée comme un couperet en début de semaine pour les salariés de SCOPELEC, coopérative spécialisée dans le déploiement d’infrastructures de télécommunications : la mobilisation continue depuis mars dernier pour la survie de leur entreprise se termine par son placement en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon, assorti d’un plan de cession.

Ils étaient pourtant plus d’une centaine à s’être déplacé et à y croire encore, le 23 septembre, devant le ministère de l’Economie. Les longues heures de trajet n’avaient eu raison ni de leur colère, ni de leur énergie à l’exprimer. La motivation était d’autant plus grande que c’était l’avenir de leur entreprise qui se jouait derrière les murs du ministère, où une délégation syndicale était reçue pour plaider la cause de la coopérative. Frédéric Mazars, le délégué syndical FO, était du nombre.

« L’Etat, qui détient 23 % d’Orange, a les moyens d’amener l’opérateur à tenir ses promesses, tempêtait alors Frédéric Mazars. Après une nouvelle année de record en matière de versements de dividendes (près de 2 milliards d’euros), ne rien faire pour la survie du sous-traitant historique et de ses 3 800 salariés est inacceptable ! » Il faut se souvenir qu’en mars dernier, Orange avait mis fin à un contrat qui représente 40 % du chiffre d’affaires de SCOPELEC, entraînant ses salariés dans la lutte. Grâce à eux, pendant la campagne présidentielle, Orange avait cédé à la pression du gouvernement et s’était engagé à soutenir Scopelec, en lien avec le Comité interministériel de Restructuration Industrielle. Il était alors question de 45 millions d'euros de chiffres d'affaires sur 2022 et 2023 et de 20 millions d'euros équivalents aux dettes contractées auprès des sous-traitants, durant la période de sauvegarde. Peu, par rapport au contrat initial de 150 millions d’euros annuels qui liait l’opérateur et l’installateur, mais assez pour éviter la banqueroute. Depuis, l’été est passé et Orange est revenu sur ses engagements, à quelques jours du passage devant le tribunal de commerce de Lyon. A la sortie de l’entretien à Bercy, Frédéric Mazars ne cachait pas sa déception : « les conseillers connaissaient mal le dossier et nous ont bien fait comprendre que seul Orange pouvait décider de nous aider, qu’il n’y aurait rien à attendre de l’Etat », se désolait-il avant de conclure, lapidaire : « Orange a tué SCOPELEC ! »

C’est à présent au démantèlement de la coopérative que les salariés doivent se préparer. Cet été, SCOPELEC avait déjà officialisé un plan de sauvegarde prévoyant le licenciement de 550 de ses salariés. Pour le moment, près de 1 000 départs (volontaires ou salariés repris par d’autres entreprises du secteur) sont déjà intervenus depuis le début de la crise fin 2021. Plusieurs centaines d’autres pourraient suivre dans les semaines à venir.

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