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Nos 10 propositions
Pour une France terre d’industrie
Une politique énergétique durable passe par le nucléaire
Rendre sa place à l’industrie française sur les marchés publics
Pour une sous-traitance plus vertueuse
Favoriser la modernisation du tissu industriel français
Créer un fonds rapide d’investissement stratégique
Promouvoir la diversification des activités
Consolider et étendre la notion de filière
Pour un label unique du « fabriqué en France »
Pour une France terre d’industrie
Il aura fallu une pandémie et une crise sanitaire pour que les pouvoirs publics prennent conscience d’une nécessité pointée par notre organisation depuis de longues années : relocaliser en France des productions essentielles pour la sécurité et l’indépendance de notre pays. Si les masques ou les respirateurs ont été les exemples les plus médiatisés et que de nombreux responsables politiques ont soudainement découvert l’importance d’un tissu industriel national complet et solide, le dossier n’a connu que peu de réelles avancées depuis. L’actualité récente a d’ailleurs cruellement mis en évidence le creux de ces discours, puisque les pénuries et tensions qui touchent actuellement la supply chain de nombreux secteurs le montrent : la Chine reste l'atelier du monde ; lorsqu'elle a des problèmes, l'activité des autres pays en subit les conséquences. Mais la concentration de la production de semi-conducteurs en Asie n’est qu’une partie du problème. FO Métaux l’a démontré dans un secteur comme celui de l’automobile, où les véhicules les plus achetés par les Français sont de plus en plus produits à l’étranger. En 2020 la vente des véhicules particuliers baissait de 24 % alors que l’assemblage en France chutait de 40 % car les délocalisations se poursuivaient… En 2020, le gouvernement avait affecté un milliard d’euros à un fond de relocalisation industrielle, ce qui est un soutien bien insuffisant. Au-delà des relocalisations, c’est aussi aux productions à venir qu’il faut penser et pour lesquelles la localisation doit se faire en priorité dans l’Hexagone. Si la responsabilité des entreprises est évidente dans ces décisions, elle doit être aiguillée par une vraie politique d’investissement sur le territoire national et un effort considérable en matière de Recherche & Développement, qui doit elle aussi trouver sa place dans notre pays. Il ne s’agit pas seulement de réduire des dépendances géopolitiques et des problèmes d’approvisionnement, mais aussi de privilégier une approche plus verte par la réduction de l’empreinte carbone que permet le retour des productions sur le sol national.
Une politique énergétique durable passe par le nucléaire
Si la lutte contre le réchauffement climatique et la réduction des émissions de CO2 ne font plus débat, la question des politiques énergétiques à adopter pour y parvenir continuent de poser question, d’autant que les réponses devront nécessairement prendre en compte la préservation du pouvoir d’achat des ménages mais aussi la compétitivité des entreprises : pas question d’alourdir la facture, sous peine de mettre davantage en difficulté autant les salariés que leurs employeurs. Le développement des énergies renouvelables est devenu une nécessité incontestable mais, si l’on prend en compte la maturité des technologies concernées, l’actuel rendement de l’éolien et du solaire ou encore le prix réel, la durabilité des équipements et l’absence de filière française en ce domaine, il ne saurait constituer l’unique réponse au défi climatique et à notre dépendance aux énergies fossiles. Il existe cependant une industrie solide dans notre pays, s’appuyant sur une filière mature et fortement exportatrice, qui peut garantir une énergie facilement pilotable, décarbonée et à bas coût : le nucléaire. Ces atouts doivent lui permettre de conserver une place centrale dans notre mix énergétique, tout en renforçant les conditions de sécurité qui entourent sa mise en œuvre sur l’ensemble du cycle (de l’extraction au retraitement), et d’autant plus dans la perspective de la construction de nouvelles centrales pour le parc français. Derrière, il y a également urgence à moderniser les infrastructures de distribution d’énergie sur notre territoire, et à en déployer de nouvelles pour répondre aux besoins de demain, notamment avec l’électrification du parc automobile. Pérenniser l’énergie nucléaire pour une politique énergétique stable sera aussi important que d’assurer l’acheminement de l’électricité vers les consommateurs. C’est à ce prix que la France pourra accomplir sa transition environnementale et énergétique.
Rendre sa place à l’industrie française sur les marchés publics
Si la concurrence est stimulante et nécessaire, sa sacralisation cache bien souvent un jeu de « deux poids, deux mesures » dans lequel la France joue perdante, et plus particulièrement quand il s’agit de marchés publics. Comme les Américains avec leur « American Buy Act », qui permet aux Etats-Unis de faire du libre-échange avec l’obligation, par de la commande publique, d’acheter américain quand c’est possible, il faudrait se pencher sérieusement sur un « French Buy Act » en premier ressort, qui pourrait être complété par un « European Buy Act ». Il s’agit de faire en sorte que les établissements publics et privés privilégient les entreprises implantées en France lors de leurs appels d’offres, par exemple en y insérant des clauses environnementales, liées au critère carbone, ou des clauses sociales (recrutement local…). Un tel dispositif pourrait amener enfin l’Etat, par le biais de la commande publique, à soutenir les industriels tricolores ainsi que ceux qui produisent sur le sol national. Normes environnementales ou sociales, contraintes logistiques ou de service : l’instauration de clauses particulières favorisant concrètement les entreprises installées en France ou nécessitant l’implantation sur notre territoire doit être mise en œuvre au sein d’un nouvel écosystème qui ne soit plus limité au seul « mieux-disant financier », lequel n’est pas toujours le mieux-disant social et environnemental. Réduire les critères d’attribution des marchés publics au seul aspect financier n’aboutit d’ailleurs pas seulement à écarter les entreprises tricolores. Cela contribue également à accélérer le mouvement de délocalisation qui mine l’industrie française en conduisant nos champions nationaux à créer des implantations à l’étranger dans l’espoir de présenter la facture la plus basse et de remporter ainsi les dits marchés, sans se soucier des conséquences pour l’emploi en France. Or, renforcer le socle industriel de notre pays est une nécessité pour revenir au plein emploi et pour préserver la vitalité de tous ses territoires.
Pour une sous-traitance plus vertueuse
La crise sanitaire puis la reprise l’ont montré, mais FO Métaux l’avait déjà dénoncé, en particulier en analysant un dispositif tel que le CICE : une nouvelle approche des rapports de sous-traitance dans l’industrie serait bénéfique tant aux salariés qu’aux entreprises et permettrait de mieux appuyer la transition énergétique. La trop forte verticalité dans les rapports entre donneurs d’ordre et sous-traitants, à l’œuvre dans trop de secteurs industriels, placent bien souvent les seconds dans une situation de subordination de fait aux premiers. Cela se traduit par une pression sur les prix et les cadences qui s’avère dans un premier temps préjudiciable aux salariés, avant d’avoir raison des entreprises qui, après avoir « dégraissé » et compressé leurs coûts au-delà du supportable, finissent par fermer leurs portes pour délocaliser dans des pays à bas coûts, quand elles ne sont pas tout simplement victimes de la concurrence de ces pays. Ces drames humains et industriels se traduisent aussi par des pertes de compétences et de savoir-faire qui mettent ensuite les entreprises tricolores à la merci de fournisseurs étrangers, d’aléas géopolitiques ou de catastrophes sanitaires et climatiques. En assainissant une supply chain dont la complexité fait aussi la fragilité, et en favorisant son maintien sur notre territoire dans le cadre d’une vraie politique de localisation et de relocalisation, il devient possible de favoriser non seulement le maintien et le développement de l’emploi en France, mais aussi la mise en place de circuits courts permettant une réduction significative de l’empreinte carbone des filières industrielles.
A long terme :
Favoriser la modernisation du tissu industriel français
Au-delà de l’attractivité de l’industrie se pose celle de notre territoire pour les acteurs industriels. A cet égard, l’exemple de la téléphonie est édifiant. Leader du secteur il y a 25 ans, notre pays compte encore quelques acteurs du mobile mais plus aucun site de fabrication en France. Aider les entreprises industrielles à localiser ou relocaliser leurs productions dans l’Hexagone, créer les conditions du maintien et du développement de l’activité en France, est devenu essentiel. Cela passe par des mesures fiscales ambitieuses et une simplification du formalisme administrative. Parmi les mesures les plus urgentes :
-Il faut poursuivre la réduction des impôts de production sur les entreprises, qui sont notablement plus élevés en France que dans les autres pays européens.
-Mettre en place un dispositif de suramortissement ciblé sur les investissements productifs, afin d’accélérer la digitalisation, les investissements verts, et les investissements immatériels de formation nécessaires à leur mise en œuvre.
-Supprimer la part régionale de la CVAE (cotisation basée sur la valeur ajoutée des entreprises), ce qui suppose une compensation pour les collectivités territoriales dont les ressources seront ainsi réduites.
-Remettre en cause la C3S (contribution sociale de solidarité des sociétés), qui repose sur le chiffre d'affaires et entraîne des effets de cascade nocifs sur la chaîne de production, puisqu’à chaque étape de production la taxe elle-même est taxée.
-Réviser à la baisse les valeurs locatives des locaux industriels.
-Exonérer de fiscalité locale les projets de relocalisation, d’extension d’activité industrielle, ainsi que les projets d’investissements verts, permettant de créer de l’emploi dans les territoires.
Créer un fonds rapide d’investissement stratégique
Parmi les naufrages d’entreprises évités de justesse, ceux de Photonis et de la CNIM, grâce à l’intervention de FO Métaux, ont marqué les esprits. Et pour cause : avec la vente à la découpe programmée de ces pépites technologiques, ce sont des savoir-faire de pointe et les capacités de production dans des domaines stratégiques qui auraient disparu. Le maintien sous pavillon français de ces entreprises essentielles à l’indépendance et la souveraineté nationale a pourtant bien failli échouer pour des raisons financières. Sans l’insistance de notre organisation pour que soient trouvés et mobilisés les fonds nécessaires, le drame n’aurait pas pu être évité.
L’affaire du rachat par General Electric de la branche énergie d’Alstom l’avait déjà démontré : dans un contexte de concurrence mondialisée toujours plus féroce, la prédation économique se fait plus féroce et tout doit être fait pour que les entreprises portant l’excellence tricolore dans des domaines stratégiques ne soient pas des proies. Cela passe évidemment par une meilleure identification de ces entreprises, mais surtout par la mise en place d’un véritable outil financier qui puisse être mis en œuvre rapidement et efficacement lorsque la situation exige de sortir des pesanteurs administratives et politiques pour agir réellement en Etat stratège. L’action de la BPI est souvent certes indispensable, mais elle ne suffit plus. C’est pourquoi il est indispensable d’instaurer en complément un fonds d’investissement rapide dédié aux entreprises stratégiques, qui aura pour mission de les aider en cas de difficulté et, en les préservant des appétits étrangers, de garantir leur maintien dans et sous le contrôle de notre pays.
Promouvoir la diversification des activités
Dans certaines régions, des secteurs tels que l’automobile ou l’aéronautique représentent parfois la seule activité industrielle d’un bassin d’emploi entier, lequel peut se retrouver sinistré en cas de retournement de situation économique. Il s’agit d’un cas de figure que notre organisation, quotidiennement aux côtés des entreprises et de leurs salariés, a malheureusement déjà trop rencontré. La mono-activité demeure un facteur de fragilité. Il convient donc, pour éviter ces drames économiques, sociaux et humains, de diversifier les activités des sites présentant de telles caractéristiques d’implantation, avec le développement de nouvelles productions et l’accroissement d’activités innovantes, le tout favorisant passant par l’installation de nouvelles usines. Les désastreuses conséquences de la crise sanitaire et de la pénurie de matières premières et de composants électroniques ont rappelé ce que notre organisation explique depuis de nombreuses années : à force d’éparpillement, les acteurs d’un même secteur se sont privés d’une force collective qui aurait été bien appréciable pour traverser la tempête avec moins de dégâts. Il est devenu impératif pour les industriels, dans un contexte toujours plus mondialisé, de s’unir afin de créer les conditions favorables à d’ambitieux partenariats industriels et enclencher un cercle vertueux. De tels rapprochements, que les pouvoirs publics doivent activement favoriser, permettraient de réunir les fonds nécessaires à la mise en œuvre de stratégie d’envergure tout facilitant l’implantation de nouveaux sites de production qui viendraient renforcer les chaines d’approvisionnement nécessaires à notre industrie, en évitant au passage de créer ou de prolonger notre dépendance à des pays étrangers.
Consolider et étendre la notion de filière
La crise actuelle offre une nouvelle démonstration de ce que notre organisation explique depuis de nombreuses années : dans une économie mondialisée et guidée par la seule logique financière, l’interdépendance entre les acteurs d’une filière est telle qu’il suffit d’un seul grain de sable pour bloquer toute la machine. Lorsque se produit ce genre de situation, l’industrie et ses salariés payent souvent un lourd tribut et les réactions court-termistes rendent le redémarrage encore plus difficile une fois passée la tempête. Pour éviter ces blocages destructeurs mais aussi la persistance d’une structure de marché environnementalement nuisible, il faut une approche plus large de la notion de filière industrielle, qui doit être entendue comme une maîtrise complète de l’intégralité du processus de vie d’un produit, de l’extraction de ses matière premières jusqu’aux ultimes phases de recyclage, comme Areva avait tenté de le faire au début du millénaire avant de voir son initiative sabotée par des politiques publiques fort peu visionnaires. Il faut, pour réussir cette fois, un effort majeur des pouvoirs publics pour soutenir la consolidation des filières par une meilleure structuration de l’ensemble de ses acteurs, afin d’éviter l’affaiblissement de certains maillons qui viendrait compromettre tous les autres. Il est également nécessaire de sécuriser et diversifier les approvisionnements en matières premières, produits semi-finis et composants de manière à réduire la dépendance de notre industrie envers d’autres pays mais aussi l’empreinte carbone de l’ensemble des filières industrielles via une nouvelle approche de la sous-traitance.
Pour un label unique du « fabriqué en France »
Pour une majorité de Françaises et de Français, le patriotisme économique n’est pas un gros mot, et ils sont prêts à payer plus cher pour un produit fabriqué en France. Mais comment leur garantir que ce qu’ils achètent est bien « made in France » ? Au niveau local, régional, par secteur d’activité : trop de labels existent et cohabitent sans pour autant offrir l’assurance de ce qu’ils affirment. Il est presque impossible pour le consommateur de savoir si un produit mérite son label tricolore et si, par son achat, il soutient effectivement l’industrie française et ses salariés. S’il n’existe pas pour le moment un seul et unique label émanant de l’Etat, c’est que ce dernier n’en a pas le droit, car l’Europe l’empêche de promouvoir ses produits au détriment de ceux des autres pays européens. Ce sont donc les fabricants qui sont autorisés à apposer les termes « Fabriqué en France », « Produit en France » ou « Made in France » à condition qu’ils soient en mesure de le justifier. Comment ? En respectant le code des douanes de l’Union européenne, lequel stipule que pour cela, « une partie significative de la fabrication du produit doit être réalisée en France ». Face à une obligation purement déclarative qui débouche essentiellement sur du flou pour le consommateur, trop de produits aujourd’hui estampillés « fabriqué en France » ne le sont pas. Il est temps de se saisir de ce problème en imposant une définition claire et compréhensible pour un label unique, connu et reconnu, qui soit enfin synonyme de sécurité et de traçabilité pour les citoyens, et de fiabilité et de transparence pour l’industrie
Promouvoir la formation
Après tant d’années à n’entendre parler que de plans sociaux et de délocalisations, et à entendre une classe politique presque unanime considérer que l’industrie appartenait au passé et devait laisser la place à une économie de services, elle revient au cœur du débat sur l’emploi. Digitalisation et transition environnementale ont propulsé l’industrie dans une nouvelle ère, et ses métiers avec elle. Mais l’industrie a du mal à recruter et se bat aujourd’hui pour préserver ses savoir-faire souvent uniques. Pour que ce pan majeur de notre économie puisse maintenir son attractivité et sa contribution à l’excellence nationale, un véritable sursaut en matière de formation est indispensable. Anticiper la transformation des compétences et la technicité toujours plus forte des métiers de pointe de l’industrie et répondre aux problématiques de l’emploi des jeunes, notamment par l’alternance, ne sont qu’une partie du défi que doit résoudre la formation. Il est également vital de fournir à l’industrie les qualifications et savoir-faire indispensables à sa réussite de demain, ce qui ne pourra se faire que par une politique de formation réellement ambitieuse plaçant la question industrielle au cœur de sa réflexion et de son action.