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SCANIA : UNE COLERE QUI VIENT DE LOIN

La pression qui montait depuis plusieurs mois a finalement éclaté chez Scania fin juin. Au bout de trois jours de débrayage, à l’appel de FO et des autres organisations syndicales, les salariés ont obtenu des avancées.

Mis à jour le 4 juillet 2023

Rien ne va plus chez Scania ! A l’appel de notre organisation et de l’intersyndicale, les salariés ont observé le 28 juin deux heures de débrayage et ont remis le couvert les deux jours suivants. Pour une fois en cette période de forte inflation, ce n’est pas la question des salaires et de pouvoir d’achat qui a mis le feu aux poudres (les NAO n’ayant lieu qu’en fin d’année) mais la dégradation des conditions de travail liée à la forte augmentation des cadences. « Nous avons été prévenus qu’il y aurait d’ici peu 20 secondes de moins par camion sans la moindre embauche et un turn-over toujours plus fort sur l’intérim qui, de plus, épuise les tuteurs, déplore le secrétaire de la section syndicale FO Patrick Criloux. Mais le mécontentement gronde depuis plus longtemps », explique celui qui est aussi délégué syndical.

Sur l’unique site français de Scania, qui produit camions, cars et bus ainsi que des moteurs industriels et marins, cela fait plusieurs mois que les 1 450 salariés (parmi lesquels 500 intérimaires) voient leur situation se détériorer. Instauré il y a près de deux ans mais jamais mis en œuvre à 100 % pour cause de crise sanitaire, le travail en équipe a généré un effet inattendu qui n’a été repéré que récemment : le manque de places de parking pour les salariés, obligés de se garer loin à l’extérieur du site ou d’arriver longtemps à l’avance pour espérer pouvoir stationner. « Avec la montée en cadence qui oblige à tout minuter, la situation est préjudiciable aux salariés, mais la direction ne veut rien entendre », regrette Patrick Criloux. Autre point de crispation chez Scania : la pression grandissante mise par les managers, en particulier sur le port des EPI et les arrêts de travail. Le bannissement du tabac de l’enceinte de l’établissement, qui oblige les accrocs à la nicotine à courir hors des murs de Scania pour leur pause, est venu en rajouter une couche. « Par petite touches successives depuis plusieurs mois, résume Patrick Criloux, nous avons vu la grogne monter mais la direction a préféré faire la sourde oreille, refusant de voir l’explosion qui n’allait pas manquer de survenir… »

"La situation pourrait encore se tendre"

Après un début de mouvement spontané d’une poignée de salariés la semaine passée, FO et l’intersyndicale ont pris la main pour organiser le débrayage et porter les revendications des salariés. « Les équipes sont à bout et on leur demande toujours plus, tonne le délégué syndical. Il faut maintenant que Scania prenne conscience du ras-le-bol généralisé sur le site, sans quoi la situation pourrait encore se tendre ! »

La pression a été efficace, car le 30 juin, les métallos sont sortis de leur rencontre avec la direction en ayant obtenu des avancées sur une partie de leurs revendications. Concernant le stationnement, Scania va prochainement louer un parking proche du site et organiser des navettes, tout en interdisant aux salariés des fonctions de se garer dans l’enceinte de Scania. Les fumeurs auront un abri à l’intérieur du site. Les salariés de la production pourront aller directement habillés aux ateliers sans passer par les vestiaires, tout en conservant la prime d’habillement. Quant aux annulations de samedis travaillés, les heures correspondantes iront en modulation et les salariés conserveront la prime prévue. « Quand nous haussons le ton, nous sommes entendus, résume Patrick Criloux. Mais nous savons que certains problèmes se poseront à nouveau puisque la direction compte augmenter encore les cadences. » FO compte bien être vigilante, en particulier sur les promesses d’embauche d’intérimaires, dont le nombre reste à préciser. N’en reste pas moins une victoire pour les métallos de Scania qui ont montré, en trois jours de débrayage, qu’ils étaient capables d’établir un rapport de force et d’obtenir des résultats. Nul doute que pour les NAO, en fin d’année, tout le monde s’en souviendra.

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