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SAFRAN : L’HEURE DE VERITE

Depuis le 13 octobre, les salariés du motoriste aéronautique Safran, à l’appel de FO et de l’intersyndicale, effectuent toutes les semaines un débrayage d’une heure très suivi pour ramener la direction à la table des négociations. Sujet des discussions : la question salariale. Pour notre organisation, le compte n’y est pas.

« Marre de se serrer la ceinture », tel est le sentiment qui domine chez les salariés de Safran, et la raison pour laquelle ils se mobilisent depuis la mi-octobre. En cette fin d’année, et comme dans beaucoup d’entreprises, c’est la question du pouvoir d’achat qui cristallise la colère. Contrairement à beaucoup d’entreprises du secteur tertiaire, le groupe et ses usines ne se sont pas arrêtés lors de la crise sanitaire. Depuis, les cadences n’ont cessé d’augmenter tandis que les effectifs stagnent. Dans le même temps, l’aéronautique est repartie pleins gaz, l’entreprise a renoué avec le profit –et les distributions de dividendes, à hauteur de 40 % de ses résultats– et les salariés ont l’impression d’être les seuls à beaucoup donner pour ne rien recevoir en échange.

L’accord de sortie de crise signé fin 2021 cadrait les NAO 2022 (pour une enveloppe de 2,8 à 3 %), instaurait de la modération sur l’intéressement et sur l’abondement, notamment pour l’épargne salariale. Avec l’explosion de l’inflation, et malgré le recours à une clause de revoyure cet été, qui a permis de mettre entre 90 et 100 euros de plus en moyenne dans le porte-monnaie des salariés, la revalorisation salariale pour 2022 ne s’établit qu’à 4 %. « Nous avons donc demandé au groupe une mesure conséquente pour préserver le pouvoir d’achat des salariés, explique le coordinateur FO Daniel Barberot, à savoir une augmentation générale ou une prime de partage de la valeur (PPV) d’au moins 1 000 euros. » Safran n’a lâché que 750 euros de PPV, le retour à la normale de l’intéressement et l’attribution de 10 actions gratuites pour compenser l’abondement, en expliquant être au maximum de ses possibilités avec ces propositions. Pour les salariés, c’est d’autant moins acceptable qu’ils ont vu entretemps ce qu’étaient parvenus à obtenir d’autres salariés de l’aéronautique, à commencer par Airbus, alors que la situation de leurs entreprises n’est pas aussi florissante que celle de Safran.

« Il était évident pour tout le monde que le compte n’y était pas, entre les mauvais calculs de Safran sur les actions, une prime trop faible et une prise en compte globalement insuffisante des besoins des salariés, résume Daniel Barberot. C’est pourquoi nous avons pris la décision de montrer symboliquement notre capacité de mobilisation. » Mais attention, prévient le coordinateur, il ne s’agit pas de grève préventive. En syndicat responsable, FO dépose un préavis chaque semaine, et si la direction ne répond pas, les métallos se mettent en mouvement. « Nous avons indiqué à Safran qu’il y a bien longtemps, nous étions tous fiers de produire des éléments pour l’aéronautique. Aujourd’hui nous ne sommes plus rien d’autre qu’une machine à cash pour les actionnaires… regrette le coordinateur. Nous en avons encore sous le pied et seule la direction peut mettre fin au mouvement en convainquant le conseil d’administration qu’il est dans l’intérêt de tous d’écouter les salariés. »

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