Déjà fragilisé avant la pandémie, Mécachrome a vu cette dernière lui porter un nouveau coup, qui se traduit par un PSE menaçant près de 400 emplois sur les 971 que compte le groupe en France, et qui va entraîner la fermeture du site de Vibraye, dans la Sarthe. Joffrey Loriot, fraiseur depuis quatre ans sur le site et représentant syndical FO, a décidé de résister à sa façon : en chanson. Sa version toute personnelle de « Les oubliés », de Gauvain Sers, fait le buzz sur Internet.
Comment t’est venu l’idée de cette chanson ?
Je recherchais de la musique pour sonoriser une manifestation et je me suis dit « pourquoi ne pas écrire moi-même la bande-son de notre combat. Ce serait une autre façon intéressante d’attirer l’attention sur notre situation ! ». Les oubliés, de Gauvain Sers, m’a plu. Le texte originel parle des campagnes et des « laissés pour compte » dans une société française qui marche « à deux vitesses ». J’ai décidé de garder l’air et d’y mettre mes propres paroles, parlant du site et des salariés, qui viennent d’apprendre sa prochaine fermeture.
"En un sens, on est les oubliés du groupe Mécachrome".
Tu es musicien ?
Non, pas du tout, même pas chanteur ! J’ai mis la main sur des applications avec lesquelles j’ai pu enregistrer ma voix par-dessus une version instrumentale, puis j’ai récupéré le tout avant de faire un petit montage vidéo pour l’accompagner. J’ai posté le tout sur Youtube et Facebook. Dit ainsi, cela semble facile, mais il était en fait assez difficile d’écrire mon propre texte et de l’adapter à la mélodie, tout en gardant présente l’émotion que je voulais transmettre au travers des multiples prises.
La chanson rencontre un certain succès sur les réseaux. Que penses-tu du résultat ?
Ce sont les commentaires des copains du site, de leurs familles et bien au-delà, qui parlent pour moi. Beaucoup m’ont dit qu’ils avaient été émus en entendant ma version, alors pourtant que certaines personnes n’ont rien à voir avec notre site et sa fermeture. Je voulais partager le drame humain qui se joue derrière la sécheresse des chiffres. D’après les réactions dont j’ai connaissance, c’est réussi. Les seuls qui n’ont pas aimé, c’est la direction du groupe. Mais que ce soit en musique et en vers ou en battant le pavé, je me bats aussi pour la liberté d’expression, qu’il faut plus que jamais défendre en ces temps troublés. »
"Je compte bien être aux côtés de FO et des salariés jusqu’au bout !"
Une future carrière se dessine-t-elle ?
Oh non, il y a trop à faire avec mon activité syndicale ! Quand je suis arrivé sur le site, il y a quatre ans, cela tournait un peu au ralenti, ce que j’ai trouvé très frustrant. Comme j’ai plutôt un tempérament qui m’incite à prendre les choses en main au lieu d’attendre qu’elles se passent, j’ai décidé de prendre contact avec différentes organisations syndicales et de m’engager. J’ai rencontré Stéphane Martineau, qui est délégué syndical sur le site de Sablé-sur-Sarthe, et le courant est tout de suite passé. En janvier dernier, j’ai créé la section syndicale de Vibraye avec Christophe Chevalier et je compte bien être aux côtés de FO et des salariés jusqu’au bout.
A LIRE AUSSI : MECACHROME EN DANGER