A peine un mois après avoir annoncé la suppression de 63 postes via un PSE, le constructeur de chariots élévateurs Manitou est revenu le 3 novembre sur sa décision. Notre organisation a joué un rôle clé dans le processus qui a permis de sauver ces emplois.
L’automne 2020 aura eu un petit air de montagnes russes pour les salariés de Manitou. Le 28 septembre dernier, ils apprenaient la mise en place d’un PSE avec 63 suppressions de postes à la clé en France sur un effectif de 2 300 salariés. Panique à Ancenis, en Loire-Atlantique, où la décision fait l’effet d’une douche froide, tant les salariés n’ont pas ménagé leur peine durant le premier confinement pour faire tourner l’entreprise à plein régime. A en croire les arguments de la direction, la situation serait pourtant dramatique du fait de l’impact de la crise et une saignée dans les effectifs serait inévitable. Fin juillet, le groupe avait annoncé qu'il estimait la chute de ses ventes pour l'année 2020 à 30%.
Un PSE injustifié chez Manitou
Dès l’annonce du plan, l’équipe FO, emmenée par le DSC FO Pierre-Louis Montaudon (également membre de la CA Fédérale), se mobilise pour combattre une mesure injuste qui ferait payer aux salariés le prix de la crise. Fin octobre, avec les autres organisations syndicales, elle adresse une lettre ouverte aux actionnaires historiques de Manitou leur intimant de renoncer au projet.
« Nous avons rappelé que les trois derniers exercices avaient enregistré une croissance de plus de 30 % et des bénéfices records, explique Pierre-Louis Montaudon. Nous montrions aussi que l’entreprise avait finalement mieux résisté à la crise sanitaire que redouté et affichait des perspectives prometteuses, avec un carnet de commandes en hausse. »
En parallèle, notre organisation se saisit de l’affaire et son secrétaire général Frédéric Homez, en lien avec l’UD 44, multiplie les contacts de haut niveau avec le patronat.
Le 3 novembre, retournement de situation et confirmation que les métallos FO ont été entendus : Manitou abandonne purement et simplement son PSE au cours de la seconde réunion de négociations sur les mesures d’accompagnement. Officiellement, « les conditions de négociations dégradées » auraient eu raison du projet. En réalité l’intervention de notre organisation a lourdement pesé dans la balance, et comme souligné par FO, l’impact de la Covid et du confinement a été moins grave que prévu. Manitou a d’ailleurs annoncé dans la foulée une distribution exceptionnelle de 0,50 euro par action prélevée sur les réserves, s’appuyant sur des prévisions de résultats revues à la hausse.
FO Restera vigilant
Prudence cependant : le groupe a déclaré travailler sur un plan de réorganisation pour « être plus agile et efficace, sans obérer nos capacités de rebond » et limiter très fortement l’évolution de ses dépenses en 2021. L’entreprise souhaite notamment jouer sur les départs « naturels », qui ne seront pas, quand cela est possible, remplacés. Autant dire que pour FO, la vigilance restera de mise.