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MAGNA : L'ANTI-SYNDICALISME PRIMAIRE

Alors que la situation de l’entreprise reste préoccupante et son avenir incertain, la direction de Magna, repreneur de Ford Getrag à Blanquefort (Gironde) apparaît plus empressée de régler son compte au délégué syndical FO Régis Labasse qu’à recourir au dialogue social pour assurer la pérennité du site.

Discrimination, intimidation, pression, harcèlement, menace, provocation… Les mots sont à la fois trop nombreux et insuffisants pour décrire la situation aussi scandaleuse qu’inacceptable que vit depuis plusieurs mois Régis Labasse sur le site girondin de Getrag, où il est délégué syndical FO. Faisant fi de toutes les règles, le repreneur de Ford Getrag s’est lancé dans une véritable chasse au syndicaliste, dont Régis Labasse est la principale victime.

"Reste en dehors de tout ça ou on pourrait se passer de toi"

Avec le rachat de Ford Getrag, à Blanquefort (Gironde) fin 2020, les 900 salariés du site ont pu un moment croire que leur situation allait enfin s’améliorer. Mais rapidement, la nouvelle direction a montré le chemin qu’elle comptait emprunter, loin de leur être favorable, et c’est parce qu’il s’est dressé contre ses projets que le délégué syndical FO est devenu un homme à abattre. Dès la fin de la trêve estivale, à l’automne 2020, les grandes manœuvres ont commencé. Certains salariés se souviennent encore des mots de leur manager au retour des congés : « Je sais que tu es à FO maintenant, et qu’il y a une grève aujourd’hui. Tu devrais te détacher de tout ça et faire les bons choix. Tu as une famille, des enfants, un crédit. Régis a pété les plombs. On va devoir le licencier. Reste en dehors de tout ça ou on pourrait se passer de toi. » Choqués et scandalisés par la brutalité du procédé, les collègues et camarades de Régis Labasse n’en ont pas moins fait bloc autour de lui, le soutenant notamment lors de mobilisations très suivies, comme celle du 4 mai dernier. Ils savent bien que c’est un empêcheur de licencier en rond qu’on veut museler, et que derrière le sort de Régis Labasse, c’est aussi celui des salariés qui se joue. Ce soutien massif montre également bien l’homme qu’est le délégué syndical : « si j’étais le tyran, le fou furieux que décrit l’entreprise, les salariés seraient-ils aussi nombreux derrière moi ? », interroge-t-il.

"La méthode est à vomir"

Mais ne semble arrêter une direction bien décidée à le faire craquer. « J’ai perdu le compte des faits qui me sont reprochés, vieux de plusieurs années, et que la direction a déterré le plus souvent à grands renforts de témoignages invérifiables, tronqués, arrangés, collectés hors procédure, se désole le délégué syndical. Je ne laisse rien passer et répond à chaque fois en détail, mais si la méthode est à vomir, elle est surtout épuisante, d’autant qu’elle montre que le coup a été soigneusement préparé. » En procédure disciplinaire, avec le risque d’un licenciement à la clé, Régis Labasse attend à présent les conclusions de l’inspection du travail, qui doivent tomber le 22 juin. Avec le soutien de notre Fédération, il est bien décidé à ne pas laisser passer ces attaques honteuses qui confinent à l’anti-syndicalisme primaire. Par la voix de son secrétaire général Frédéric Homez, notre organisation n’a d’ailleurs pas mâché ses mots pour condamner cette « répression syndicale » qu’elle n’entend pas tolérer. Venu rencontrer et soutenir le délégué syndical le 2 juin, le secrétaire fédéral Valentin Rodriguez ajoute : « certaines entreprises refusent le dialogue social et se croient tout permis. Face à ces abus, nous devons continuer de défendre notre syndicalisme, et à travers lui les salariés. »

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