Fédération FO de la Métallurgie

L’efficacité réformiste

Dossier/Evénement

FILIÈRE AÉRONAUTIQUE : ÉVITER LE CRASH

Fortement touchée par la crise sanitaire et ses conséquences économiques, l’aéronautique se bat pour préserver l’emploi et les sites face à une situation inédite. Comme pour l’automobile, la puissance publique a dégainé un plan de soutien massif. A l’examen de ses différents axes, notre Fédération s’est prononcée en faveur de la partie industrielle, qui reprend certaines idées et revendications de notre organisation. Explications

Après un plan de 18 milliards d’euros pour sauver l’industrie du tourisme, puis encore 8 milliards d’euros pour la filière automobile, c’est au tour de l’aéronautique de bénéficier de mesures pour un total de 15 milliards d’euros (moitié moins si l’on retranche les 7 milliards accordés à Air France – un prêt direct de l’État de 3 milliards d’euros qui devrait permettre à Air France de boucler sa commande prévue d’Airbus A220 et d’A350 et une garantie de l’État sur des prêts bancaires pour 4 milliards d’euros –). A noter que, face à l’ampleur de la crise, les Etats-Unis, grands pourfendeurs de la dépense publique, ont débloqué 50 milliards de dollars (45,6 milliards d'euros) pour l'aviation civile… Avec ses 64,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et près de 300 000 emplois concernés, cette industrie à haute valeur ajoutée, filière d’excellence et vitrine technologique de notre pays n’en mérite pas moins. Car la crise sanitaire a cloué les avions au sol, amputant le chiffre d’affaires des compagnies aériennes de près de 280 milliards d’euros et menaçant leur survie (voir encadré). Le Covid-19 a conduit à une diminution du trafic aérien de 90 % au plus fort de la crise. Côté constructeurs aussi, l’addition est lourde. En effet, la chute du trafic aérien et les grandes difficultés rencontrées par les compagnies aériennes mondiales ont réduit leurs capacités d’investissement et abouti à une baisse durable de 40 à 60 % de la demande en avions neufs pour au moins les trois prochaines années, entre reports et annulations de leurs commandes, sans oublier l’impact sur la demande de pièces de rechange. Bref, par effet de cascade, c’est toute la filière de la construction aéronautique mondiale qui est touchée, dans des proportions jamais vues. Boeing a annoncé qu’il comptait supprimer 16 000 emplois, le canadien Bombardier 2 500, tandis que les fabricants de moteurs américain General Electric et britannique Rolls-Royce vont respectivement se séparer de 12 600 et 9 000 postes. Chez Airbus, où l’annonce est tombée le 30 juin, ce sont 15 000 emplois sur un total de 135 000 dans le monde qui seront supprimés. En France, 5 000 postes sont concernés (presque exclusivement au sein de la branche aviation commerciale), soit le double de ce qui était prévu lors du plan Power 8, en 2008, que notre organisation avait vigoureusement combattu. Airbus a engagé le processus de consultation et de négociations avec les syndicats en vue de trouver des accords afin de mettre en place des mesures d’accompagnement. Le groupe veut aller vite : il prévoit de réaliser ces coupes claires d'ici à l'été 2021. Il s'engage à utiliser tout l'arsenal social - départs volontaires, retraite anticipée, chômage partiel de longue durée…- afin d'éviter les licenciements secs. Sans pour autant promettre de ne pas y recourir. Pour FO, au-delà de la remise en cause de l’emploi, le Covid-19 a mis un coup d’arrêt à l’installation d’une chaine de montage pour l’A321 XLR à Toulouse. Notre organisation veillera à ce que ce projet, vital pour l’aéronautique française, soit maintenu. Face à l’urgence, le plan de soutien à l’aéronautique présenté début juin se concentre sur trois axes : la sauvegarde de l’emploi, un appui aux PME et ETI qui constituent l’essentiel du réseau de sous-traitance du secteur, et l’investissement dans la Recherche & Développement. Comme pour l’automobile, l’ambition est aussi de transformer la crise en opportunité et de mettre le cap sur un verdissement de la filière et un renforcement de sa compétitivité. Si la partie industrielle du plan répond globalement aux attentes de notre Fédération et des métallos FO, majoritaires dans la plupart des entreprises de la filière, tout n’est pas à la hauteur des enjeux… Notre organisation a d’ailleurs prévenu qu’elle n’accepterait aucun licenciement sec. Selon l’étude du cabinet de conseil Archery Strategy Consulting (ASC), publiée le 17 juin, les compagnies aériennes du monde entier pourraient mettre, selon le scénario le plus optimiste, au moins trois ans pour retrouver leur niveau d’activité de 2019, et dix pour reprendre leur trajectoire de croissance d’avant la crise. Autant dire que résorber l’impact sur l’ensemble de la filière prendra des années.

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