Dans un contexte international bouleversé par la montée en puissance du protectionnisme, notamment aux États-Unis, et une concurrence énergétique défavorisant lourdement l’Europe, la question de l’avenir industriel de notre continent n’est plus seulement une priorité économique, c’est devenu une nécessité stratégique.
Les États-Unis, grâce à une politique protectionniste assumée et des coûts énergétiques quatre à cinq fois inférieurs à ceux de l’Europe, attirent massivement les investissements industriels. Leur stratégie repose également sur une planification rigoureuse et des incitations fiscales ciblées pour rapatrier des activités clés.
Pendant ce temps, l’Europe subit l’érosion de sa compétitivité, aggravée par une dépendance accrue à des fournisseurs étrangers, en particulier dans des secteurs stratégiques comme les semi-conducteurs, les batteries et les énergies renouvelables.
En France, hélas !, l’ambition de réindustrialisation redevient une variable d’ajustement budgétaire, bien loin des priorités du gouvernement. En outre, l’instabilité politique, récurrente depuis six mois, est à l’origine de cette conjoncture morose. Il faudra du temps pour restaurer la confiance disparue.
Les chiffres du chômage en témoignent : 100 000 demandeurs d’emploi supplémentaires en 2024 ! Les salariés de notre secteur paient aujourd’hui un lourd tribut, conséquence de choix politiques hasardeux.
Pour rivaliser avec la politique économique des États-Unis, l’Europe doit repenser sa stratégie industrielle. Cela passe par une approche audacieuse de planification et de programmation à l’échelle européenne. Il conviendrait d’identifier les chaînes de valeur stratégiques et de concentrer nos investissements sur ces secteurs prioritaires.
À ce titre, le rapport Draghi, remis à Ursula Von der Leyen en septembre dernier, souligne l'urgence de mobiliser des investissements massifs équivalents à ceux des États-Unis et de la Chine, en rompant avec l'austérité budgétaire grâce à un grand emprunt européen. Bien que salué pour sa vision ambitieuse, le rapport semble aujourd'hui laissé de côté, malgré l’ouverture d'un « dialogue stratégique » qui pourrait relancer ses propositions.
Par ailleurs, un élément essentiel de cette planification sera d’assurer des coûts énergétiques compétitifs. L’Europe doit investir massivement dans les énergies décarbonées telles que le nucléaire ou les énergies renouvelables. En parallèle, les mécanismes de fixation du prix de l’électricité doivent être repensés afin de rompre avec cette ineptie consistant à laisser les centrales au gaz fixer le prix de l’électricité alors qu’elles ne produisent que 20% du total européen !
Refuser de repenser notre modèle industriel serait condamner l’Europe à devenir un simple marché de consommation, dépendant des choix d’autres puissances. Pour préserver notre souveraineté, la cohésion sociale et garantir notre prospérité tout en assurant une transition écologique juste, l’industrie doit redevenir une priorité absolue pour la France et l’Europe.
Des lueurs d’espoir persistent et doivent également être activement soutenues.
De nombreuses filières recrutent, notamment dans l’industrie du nucléaire, qui propose pas moins de 10 000 emplois et prévoit 100 000 recrutements d’ici à 2033, ou encore dans l’industrie aéronautique, de la défense, ainsi que dans les activités liées au numérique et des technologies de l'information. Les pouvoirs publics doivent s’engager à promouvoir les fleurons de l’industrie française et non leur imposer, comme trop souvent, des contraintes et des taxations pénalisantes car inadaptées à la conjoncture actuelle.
Notre organisation défend une politique industrielle ambitieuse, une énergie compétitive, la protection des emplois et des industries stratégiques, ainsi qu’un investissement massif dans la formation pour assurer l’avenir des salariés du secteur.