Un chiffre d’affaires de 64,5 milliards d’euros, une contribution à la balance commerciale de 44 milliards d’euros, près de 1 300 entreprises… Mais pour notre Fédération, l’aéronautique, ce sont d’abord 300 000 emplois directs et indirects, qu’il faut absolument préserver.
Airbus a annoncé une réduction d’environ 35 à 40 % des cadences de production de ses principaux programmes. Et la reprise promet d’être longue : les prévisions actuelles pour le transport aérien n’anticipent pas de retrouver le niveau pré-crise avant 2023 pour les moyen-courriers. Le retour à la normale devrait prendre encore plus de temps dans la filière de construction aéronautique. Le premier temps d’action a été celui de l’urgence : 651 sites industriels ont demandé l’autorisation à mettre en place l’activité partielle depuis le 1er mars, pour quelques 110 000 salariés. Préserver les compétences Le plan de soutien a prolongé cette logique en organisant la prorogation des mesures d’activité partielle financées par l’État au moins pour les deux prochaines années, suite à une négociation avec les syndicats, afin d’éviter des milliers de suppressions d’emplois. « Les compétences des salariés de l’aéronautique sont complexes et longues à acquérir, analyse le secrétaire fédéral Edwin Liard. La mise en place d’un tel dispositif montre que les pouvoirs publics ont conscience de la nécessité de les préserver pour conserver nos capacités de rebond et préparer la reprise. » Le ministre de l’Economie, qui a insisté sur les garanties de maintien de l'emploi qu'il exige de la part des grands industriels, en contrepartie des fonds publics, ne dit pas autre chose : « La chute des commandes ne doit pas détruire des compétences que nous avons mis des années à construire et mettraient une génération à être renouvelées. » Et en même temps, le plan comporte aussi, comme le souhaitaient les grands industriels, des mesures « destinées à favoriser la réduction d’emplois sans recourir à des plans sociaux ». Face à une crise qui va durer plusieurs années, les grands groupes devront se « reconfigurer ». « Si on applique le ratio de suppression d’emplois annoncés par nos concurrents étrangers, qui est de l’ordre de 15 à 20 % de leurs effectifs, ce sont entre 30 000 et 40 000 emplois qui devraient être supprimés en France », résume un industriel. Certes, les acteurs de l’aéronautique se sont engagés à « préserver au maximum les emplois en France ». Mais même Bercy confesse qu’il y aura « des ajustements nécessaires, mais ils doivent se faire dans toute la mesure du possible sans départ contraint ». Le sous-texte est donc limpide : pas question d’imposer aux géants de l'aéronautique de maintenir l’emploi, mais plutôt miser sur leur bienveillance, actée dans une « Charte d’engagement sur les relations entre clients et fournisseurs au sein de la filière aéronautique française ». Notre organisation, pas dupe de la manœuvre, a d’ailleurs immédiatement demandé au gouvernement de réaliser un suivi régulier pour les mesures prises dans le cadre de ce plan et de réaliser également un suivi de la charte d’engagements sur les relations entre donneurs d’ordres et sous-traitants. « Soyons lucides, résume Edwin Liard : il y aura beaucoup à faire pour éviter la casse sociale. »