Fédération FO de la Métallurgie

L’efficacité réformiste

Dossier/Evénement

50 NUANCES D'HYDROGÈNE

Complètement vert l’hydrogène ? Le doute est plus que permis, au vu de la classification établie par l’IRENA (l’Agence internationale des énergies renouvelables) et promus par la Commission européenne. Le principe est simple : à chaque forme de production correspond un niveau d’émission de gaz à effet de serre, et donc une couleur. Mauvais élève du classement, l’hydrogène issu de vaporeformage est classé « gris », eu égard à son médiocre bilan carbone. Pour passer un cran au-dessus, il faut « décarboner » l’hydrogène, par exemple en captant le CO2 émis lors du vaporeformage, et en l’utilisant comme matière première, ou plus fréquemment en recourant aux techniques de stockage géologique. L’hydrogène ainsi décarboné devient alors « bleu ». Vu le coût supplémentaire de l’opération, seuls quelques projets pilotes ont été lancés dans le monde et il n’existe presque pas d’hydrogène bleu sur le marché. Vient ensuite l’hydrogène auquel font référence pouvoirs publics et médias lorsqu’il est présenté comme une solution d’avenir : le « vert », produit par électrolyse de l’eau. Pour mériter cette couleur synonyme d’espoir, il faut qu’il soit produit avec une électricité exclusivement d’origine renouvelable (issue par exemple des installations solaires, éoliennes ou hydroélectriques). S’il est produit avec une proportion importante d’électricité d’origine nucléaire (comme en France), il sera classé « jaune », puisqu’il dépendra de l’utilisation d’une énergie fossile, s’accompagnant de plus de la production de déchets radioactifs qui restent un casse-tête de très long terme. Peu importe la couleur, la part de la France dans la production mondiale d’hydrogène n’est que de 1,5%, soit une dizaine de tonnes par an. Depuis le mois de juin dernier, Bruxelles semble se diriger vers l’abandon de ce code couleur au profit d’une classification plus simple : « propre » ou « bas carbone ». Ces nouvelles définitions devront être traduites lors de la révision du marché du carbone en juin 2021. Ce sera peut-être l’occasion de combler une faille bien embarrassante dans la réglementation européenne (voir page 9), qui permet aujourd’hui d’estampiller « vert » les productions d’hydrogène les plus polluantes…

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