Le 11 mai, le président de la République a prononcé un discours pour « accélérer la reconquête industrielle française », puis, lors de sa dernière allocution télévisée, il a évoqué, entre autres, la réindustrialisation de notre pays.
Il reconnaît que la France s’est davantage désindustrialisée que les autres pays en Europe. Pour notre Fédération, c’est enfin une prise de conscience qui va dans le sens de la défense de l’industrie sur notre territoire, combat que nous menons depuis de nombreuses décennies. Encore faut-il être sûr qu’il ne s’agisse pas simplement de belles intentions ou de vaines promesses.
Il reconnaît qu’il y a eu par le passé, et d’ailleurs, comme nous le disons haut et fort, cela existe malheureusement encore aujourd’hui, des choix presque idéologiques pendant de nombreuses années pour dire finalement que l’industrie ne serait pas créatrice de bons emplois et qu’il vaut mieux être un pays de services et de tourisme. Pour l’avoir vécu, nous avons à maintes reprises dénoncé cette idéologie et cette politique anti-industrielle auprès des présidents de la République successifs et de leurs gouvernements avec nos différents livres blancs en faveur de l’industrie. Un pays sans industrie, c’est une économie qui demeure fragile et en danger, soumise aux aléas des services et du tourisme qui restent néanmoins complémentaires pour notre pays. Il ne faut d’ailleurs pas opposer l’un à l’autre, nous avons besoin d’une industrie forte et créatrice de richesse pour notre économie, des services et du tourisme, mais tout cela reste bien évidemment complémentaire.
Nous n’avons pour notre part jamais opposé l’un ou l’autre, mais la fameuse et réelle désindustrialisation a été menée par certains représentants patronaux qui ne pensaient qu’aux profits avec des délocalisations abusives, et ce avec l’aval aussi de certains politiciens qui avaient des œillères et ont laissé faire pour aboutir à ce constat aujourd’hui inévitable de la désindustrialisation. Il aura aussi fallu subir plusieurs crises successives : sanitaire, énergétique, d’approvisionnement et la guerre en Ukraine, cumulées aux effets de l’inflation, pour se rendre compte de la dépendance de la France et de l’Europe avec des ruptures d’approvisionnement catastrophiques qui font réfléchir les industriels à la nécessité d’une stratégie industrielle sur notre territoire. Pourvu que cela dure ! Nous nous battrons toujours pour notre industrie et ses emplois.
Il faut donc arrêter cette spirale infernale de la désindustrialisation et relocaliser tout en créant un maximum d’usines en France ; nous ne pouvons qu’être d’accord et il faut aussi que cela se traduise par des réelles créations d’emplois. Des objectifs et orientations ont été fixés par le président de la République : il faut parvenir à 600 créations nettes d’usines d’ici 2027 ; instaurer une « commande publique plus responsable » davantage tournée vers l'achat de produits français et européens ; favoriser une fiscalité verte pour attirer les investissements ; agir sur les réglementations européennes ou encore simplifier les conditions d’implantation des entreprises ; un budget de 700 millions d'euros annoncés pour améliorer les formations aux « métiers d'avenir » ; flécher le bonus écologique vers les véhicules produits en Europe, ce bonus écologique destiné à l'achat d'une voiture électrique qui sera réformé pour "prendre en compte l'empreinte carbone", y compris les émissions de CO2 dues à la production d’électricité (mix électrique) et ainsi favoriser les véhicules fabriqués en Europe, voire en France ; un "crédit d'impôt industrie verte" pour les batteries et éoliennes, etc.
Contrairement à la réforme des retraites, que nous n’acceptons toujours pas, sur la défense de l’industrie, nous sommes disponibles pour apporter notre expertise et nos savoir-faire en faveur de l’emploi pour les salariés et adhérents que nous représentons.
Dans tous les cas, à l’heure actuelle, l’industrie, grâce en partie à nos actions syndicales et un dialogue social de qualité, est porteuse de nombreuses bonnes nouvelles avec des secteurs industriels à l’instar de l’aéronautique, de l’automobile et du nucléaire qui prévoient un nombre important de recrutements. Vous en retrouverez les détails dans l’édition de ce journal dans la rubrique des brèves. Vous y trouverez également un dossier spécifique intitulé «Économie de guerre ou guerre économique ?».