Fédération FO de la Métallurgie

L’efficacité réformiste

Dossier/Evénement

LE « CNR » ? SANS NOUS !

Le 8 septembre, le président de la République a lancé le Conseil National de la Refondation (CNR) pour incarner la « nouvelle méthode » afin de réformer notre pays. Il souhaite, selon l’Elysée, « une forme de dialogue renouvelé » et un outil en faveur du « renouveau démocratique ». Il avait annoncé à la suite de l’élection présidentielle et des élections législatives sa volonté de le mettre en place en invoquant le fait qu’il avait tiré le bilan de son premier mandat et de sa façon de gouverner lors des différentes crises.

Dans les actes, nous regrettons que, tout comme il l’avait fait au début de son premier quinquennat en ignorant les organisations syndicales et l’ensemble « des corps intermédiaires », il se détourne des institutions parlementaires et du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), qui auraient pu remplir le rôle qu’il souhaite attribuer au CNR, et cela simplement parce qu’il ne dispose plus de majorité à l’Assemblée nationale.

Le président veut soi-disant, dans le cadre de ce CNR, consulter le plus largement possible les partis politiques, des associations d’élus et des acteurs du monde associatif, des citoyens, des organisations syndicales et patronales, etc. Mais au regard d’un public aussi large et aussi diversifié, il y a un fort risque d’aboutir à de nombreuses incompréhensions ou à des incohérences du fait de la méconnaissance des sujets qui pourraient être évoqués. Nous restons donc dans le flou le plus total.

Au passage, il est également douteux de reprendre le sigle du Conseil National de la Résistance qui a posé les fondations de notre modèle social au sortir de la seconde guerre mondiale quand l’essentiel des décisions des gouvernements successifs et les projets de l’Elysée semblent ne viser, selon nous, qu’à la destruction de ce modèle pour des raisons purement économiques et idéologiques.

Notre organisation syndicale a donc décidé de ne pas participer à ce CNR et de ne pas le cautionner. Ce n’est pas un refus par plaisir ou caprice, mais une question de principe et c’est pour cette raison que notre Confédération a adressé le 6 septembre un courrier au président de la République afin de lui expliquer pourquoi FO n’y participerait pas. Nous ne voulons pas être associés à un travail d’élaboration d’un diagnostic partagé ou de co-construction de réformes législatives en dehors du Parlement.

FO a toujours contesté les tentatives de dilution des syndicats dans une forme de démocratie dite participative venant concurrencer la démocratie parlementaire et assimilant les interlocuteurs sociaux au législateur.

A la Fédération de la Métallurgie, nous n’aimons pas la politique de la chaise vide, mais dès le départ nous n’étions pas favorables à ce CNR au vu de sa composition. Nous devons rester dans notre rôle de la défense des intérêts des salariés, des retraités et des chômeurs et nous n’acceptons pas la cogestion, ce qui ne nous empêche jamais de faire valoir nos positions et revendications auprès de nos différents interlocuteurs et de donner notre avis sur les dossiers d’actualité.

Finalement, au regard de l’actualité, nous avons eu raison de ne pas participer à ce CNR car, dans la foulée, le président de la République a tenté et tente encore de faire passer en force sa réforme sur les retraites dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale, avec la menace d’un recours à l’article 49-3 de la constitution. Il veut soit reculer l’âge de départ à la retraite à 64 ou 65 ans, soit allonger la durée de cotisation, alors même que ce dossier n’a pas été discuté.

C’est une façon de fuir le débat et de court-circuiter d’un côté les parlementaires et de l’autre les organisations syndicales qui sont toutes contre cette réforme. Cette tentative de passage en force fait réagir et nous nous demandons s’il a vraiment tiré les leçons de son premier quinquennat. Face aux réactions et désaccords, il n’écarte pas d’autres pistes mais donne le sentiment de vouloir bâcler cette réforme qu’il souhaiterait voir s’appliquer d’ici à l’été 2023. Face à ce comportement et à notre opposition sur cette réforme, nous sommes éventuellement prêts à nous mobiliser afin de préparer, au cas où, le rapport de force nécessaire.

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