Fédération FO de la Métallurgie

L’efficacité réformiste

Dossier/Evénement

Démocratie sociale et démocratie tout court

Comme vous le savez, le 14 avril, le Conseil constitutionnel a validé le projet de loi sur la réforme des retraites, confirmant ainsi le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et l’accélération de la réforme Touraine sur la durée de cotisation.

Il a toutefois censuré six articles dont l’index et le CDI seniors, les dispositions de prévention et d’usure professionnelle, ce qui rend la réforme encore plus injuste. Dans la foulée, de nuit, et alors qu’il avait 15 jours pour le faire, le président de la République a promulgué la loi, paru ensuite au Journal Officiel.

Le 17 avril, le président de la République s’est exprimé, égal à lui-même, s’obstinant et tentant en même temps de renouer des liens avec les organisations syndicales après les avoir ignorées et méprisées pendant plus de trois mois, ceci pour essayer de trouver une porte de sortie face à la colère de la population qui continue d’être, à juste titre, opposée à cette réforme, et ce malgré la publication de la loi sur les retraites.

Le président de la République, lors de son allocution, a indiqué avoir « entendu et ne pas ignorer la colère face à cette réforme ». En ce sens, il a proposé aux partenaires sociaux une négociation « sans tabous » sur le travail et le pouvoir d’achat tout en se donnant 100 jours pour relancer ses réformes après la bataille des retraites qui n’est d’ailleurs pas terminée et laissera des traces, et ce quelle que soit l’issue de cette crise sociale.

L’Intersyndicale s’est réunie le 17 au soir. Elle a analysé les propos du président de la République en actant qu’il n’entendait toujours pas la colère de la population tout en lui demandant de respecter la démocratie sociale.

Elle a donc décidé, pour faire suite aux 12 journées de manifestations puissantes de grèves, d’actions locales et d’initiatives, d’appeler à faire du 1er mai une journée de mobilisation massive, unitaire et populaire contre la réforme des retraites partout sur le territoire, dans le calme et la détermination.

Nous n’avons pas fini d’entendre une petite musique sur le fait que si nous continuons notre combat sur les retraites, alors que la loi a été promulguée, nous ne serions pas légalistes et nous ne respecterions pas la démocratie issue des urnes avec des représentants des partis politiques valablement élus. Eh bien si ! A FO Métaux, nous sommes légalistes et nous respectons la démocratie issue des urnes et de la Constitution, mais avec une exigence : que celles et ceux qui ont été élus respectent eux aussi la démocratie sociale et le dialogue social.

Autre petite musique : nous ne serions plus en démocratie ! Nous n’aimons pas trop ce genre de comparaisons car, en Russie par exemple, la dictature est bien réelle et nous le constatons avec l’oppression envers le peuple russe en cette période de guerre contre l’Ukraine, avec des opposants russes qui peuvent se voir condamner, comme nous l’avons appris dernièrement, à 25 ans d’emprisonnement. En France, nous n’en sommes fort heureusement pas là. Il est vrai cependant que la Constitution permet de faire passer des réformes « en force », sans vote à l’Assemblée nationale. Le recours à ce procédé est en principe encadré et limité.

Mais s’il est mis en œuvre contre la population, contre une grande majorité de nos concitoyens s’exprimant pendant des semaines, voire des mois, de manière cohérente et au prix de fortes mobilisations et autres manifestations, alors on peut craindre que cette démocratie à laquelle nous tenons toutes et tous soit véritablement en danger. Et le fait d’avoir été élu démocratiquement par les urnes ne peut pas exonérer d’un minimum de respect envers la population quand elle s’exprime avec une telle force, portée par ses organisations syndicales qui, elles, sont responsables et sont les porte-parole des salariés et des retraités.

Nous demeurons très attachés à la République et à la démocratie, mais quand une réforme n’est pas adaptée aux souhaits de la majorité de la population, il est fondamental d’y surseoir. Le président de la République a reconnu ces derniers jours des erreurs dans la conduite de sa réforme.

Aussi, nous lui disons ceci : il n’est jamais trop tard pour bien faire et c’est notre pays qui en ressortira grandi, avec comme objectif la dignité et la défense des valeurs humaines tout au long de la vie.

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